Le Daibutsuden du temple Tôdai-ji de Nara (juin 2012)
Cette énorme édifice (officiellement la plus grande construction de bois au monde) est le bâtiment principal du temple Tôdai-ji de Nara et abrite la grande statue en bronze de Buddha. Célèbre tant par sa taille imposante que par la statue qu’il abrite, le Daibutsuden est le centre d’un des plus grands temples du Japon, et un des plus anciens.
Le symbole d’une nouvelle capitale
En 708, l’impératrice Genmei décide de fixer une nouvelle capitale, le site de l’actuelle étant devenu trop petit pour une population en constante augmentation. Le site de Heijôkyô (actuelle Nara) est choisi selon les bons auspices chinois et le plan de la capitale est établi d’après celui de la capitale chinoise des Tang, Chang’an. La cour s’y installe en 710, à l’achèvement du palais impérial, et la ville va voir fleurir en son sein et alentours des centaines de temples.
Cette période dite de Nara, dont le Tôdai-ji est le symbole, représente l’apogée de l’influence chinoise sur la société japonaise : la Chine sert de référence ultime à un empire naissant qui se donne pour ambition d’atteindre la puissance et le rayonnement de son modèle. Voulu par l’empereur Shômu, le Tôdai-ji est un projet monumental qui reflète la volonté de ce dernier de développer le bouddhisme d’état en pleine expansion. L’ironie du sort est que Heijôkyô sera abandonnée par les empereurs japonais en 794 à cause justement de la toute puissance du clergé bouddhique et de son influence toujours plus importante sur les affaires de l’état.
Un bâtiment gigantesque
Le Daibutsuden a été construit dans le seul et unique but d’abriter la grande statue du Buddha voulue par l’empereur. Première grande statue de bronze érigée dans l’archipel japonais, sa réalisation mobilise les meilleurs artisans bronziers, tout comme celle du bâtiment qui l’abrite, qui fait appel au savoir faire des meilleurs architectes et artisans de l’archipel. Sa construction va durer plus de trois ans.
Ses dimensions actuelles, bien qu’imposantes (57 x 50 m) sont en fait environ 30% plus petites que ses dimensions originelles. Malheureusement, comme beaucoup de bâtiments en bois, le Daibutsuden a subit plusieurs incendies (criminels ou accidentels) qui lui ont valu plusieurs restaurations et reconstructions. Le bâtiment actuel date en fait du début du XVIIè siècle (et non du VIIIè siècle).
Le bâtiment fût en effet victime des guerres intestines entre les clans Taira et Minamoto et incendié volontairement en 1180 par un Taira (puisque les moines du Tôdai-ji avaient pris le parti des Minamoto). L’incendiaire sera décapité à la fin de la guerre. Le bâtiment (et la statue du Buddha qu’il contient, déjà endommagée par un tremblement de terre au IXè siècle) furent alors restaurés. Ce sera également le cas après l’incendie de 1567, lors de la guerre opposant deux autres clans, les Matsunaga et les Miyoshi.
Toutes ces restaurations ne lui enlève en rien de son imposante présence au milieu du parc de Nara et de son écrasante hauteur lorsqu’on se trouve au pied des marches.
Malgré tous ces aléas, le Daibutsuden du Tôdai-ji reste encore aujourd’hui le symbole d’un Age d’Or du Japon
Ces deux photos ont été prises en janvier 2003 avec mon appareil argentique, d’où leur léger grain.