Dogû : statuette en terre-cuite de la période du Jômon final (Février 2013)

Cette dogû a été retrouvée sur le site de Kizukuri Kamegaoka (département de Aomori) tout au nord du Japon et est datée de la période Jômon final, c’est à dire entre 1000 et 400 avant notre ère. Elle mesure environ 36 cm de haut, est classée comme bien culturel important et est conservée au Musée National de Tokyo.

Elle est réalisée à la main, en terre-cuite et représente un personnage orné de parures et d’une coiffe, dont les immenses yeux occupent tout le visage.
On ne sait ni qui elle représente, ni quelle était sa fonction mais elle fait partie des nombreuses figurines de terre-cuite qui furent produites pendant cette période finale du Jômon dans l’archipel japonais.

La période Jômon est la seconde période de la préhistoire japonaise. Elle suit le Paléolithique (l’époque des chasseurs-collecteurs vivants pendant la dernière glaciation, entre 30 000 et 12 000 avant notre ère) et précède la période Yayoi, période d’arrivée de l’agriculture et de la métallurgie dans l’archipel japonais vers le Vè siècle avant notre ère. La période Jômon dure donc environ 10 000 ans, ce qui est extrêmement long pour une période archéologique, et est divisée en 6 phases dont la phase dite « finale » (la dernière) à laquelle appartient cette dogû.
Le Jômon commence avec le réchauffement climatique progressif vers -12 000 qui voit la fin des grandes glaciations. Les glaciers reculent, la toundra aussi, les grands mammifères (comme les mammouths, les rhinocéros laineux…)  disparaissent et laissent place aux cerfs, aux sangliers et la forêt tempérée conquiert peu à peu l’archipel, du sud vers le nord. Les hommes s’adaptent à ce nouvel environnement : ils sont toujours chasseurs-collecteurs (c’est-à-dire qu’ils vivent de ce qu’ils chassent, cueillent ou pêchent) mais ils adaptent leurs armes et leurs outils à leurs nouvelles sources de nourriture (par exemple, ils inventent l’arc et la flèche). Ils restent néanmoins nomades, se déplaçant en fonction des saisons et des ressources disponibles. On appelle cette période des chasseurs-collecteurs après le réchauffement climatique la période Mésolithique.

La particularité des peuples du Jômon, par rapport à la majorité des peuples mésolithiques dans le monde, est qu’ils ont inventé la céramique (généralement elle est inventé par les agriculteurs pour stocker leur grain) et qu’à certaines époques il sont devenus sédentaires et se sont regroupés dans des villages composés de maisons semi-enterrées. On parle alors pour ces sociétés très organisées (mais pas paysannes) de sociétés complexes de chasseurs-collecteurs. Certaines preuves archéologiques tendent de plus à montrer que s’ils continuaient à collecter leur nourriture sur ce qu’il trouvaient dans la nature, ils ont probablement favorisé certaines espèces d’arbres, comme les châtaigniers, pour améliorer le rendement et la taille des récoltes, en débroussaillant autour de chaque arbre, en éliminant les autres espèces, etc. Leur économie était en effet très axée sur les châtaignes, les glands, les marrons… Des gens donc très intéressants que ces gens du Jômon.

C’est dans le nord de l’île de Honshû (l’île principale du Japon actuel) et dans le sud de Hokkaidô (la grande île tout au nord) que les sociétés Jômon ont été les plus complexes, durant la fin de la période. Les habitants de ces régions ont en effet construit des monuments mégalithiques, dont certains montrent clairement des alignements avec les solstices, se sont mis à produire de nombreux objets et ornements en pierre et en terre-cuite, comme ces statuettes dont il est question ici.
Le sens et la portée de ces objets nous échappent (malgré ce qu’on peut lire parfois comme interprétation délirante à leur sujet) même si certains ont des formes sans équivoque : bâtons de pierre en forme de phallus, statuettes féminines avec un trou dans la vulve par exemple. Malgré ces références sexuelles évidentes, nous ne savons ni à quelle occasion elles ont été fabriquées ni comment elles étaient utilisées, la plupart ont d’ailleurs été retrouvées brisées volontairement. Bien entendu, on peut toujours évoquer un culte à la nature et à son abondance (comme pour beaucoup de sociétés de chasseurs-collecteurs) mais en dire plus relèverait de l’imagination pure et simple.

 

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