Le centre archéologique… ou pas
Pour la suite de mes aventures à Shizuoka, j’ai quand même fait ce que j’étais venu faire à la base, c’est -à-dire de la recherche. Faut bien bosser un peu. Donc le lieu le plus approprié pour ça, c’est le ‘maizô bunkazai center’ (« maïdzoo bounkadzaï cenn’taa »), littéralement, le centre des biens culturels enfouis, donc le centre archéologique local. C’est un petit centre (cela dit, celui de Tôkyô n’était pas plus grand mais il avait un musée adjacent, plus deux ou trois maisons de l’époque Jômon (env. -12 000 à -800/700) reconstituées. Bon, à Shizuoka, ils ont carrément un des sites archéologiques les plus connus du Japon pour la période Yayoi (le site de Toro, dont je reparlerai puisque j’y vais demain matin – env. -800/700 à env. 250) et le musée qui va avec donc pas besoin d’en avoir un au centre archéologique.
Donc me voilà partie, avec mon collègue, en bus depuis la préfecture où nous étions allés signer mon contrat, récupérer mes cartes de visites ciglées (qu’il a fallu faire refaire car mon nom était mal écrit en katakana, mais j’en ai déjà parlé) et surtout récupérer l’argent qu’ils me devaient. Car c’est un voyage de recherche entièrement financé par le département de Shizuoka mais comme ils ne sont pas extrêmement doués, non seulement ça a été un cirque pour avoir les billets d’avion, les billets de shinkansen pour se déplacer au Japon, mais en plus j’ai dû réserver moi-même mes logements. AirBnB ça a beau être moins cher que l’hôtel, 23 nuits ça fait un budget… que je n’avais pas puisque ni l’université où j’ai donné des cours au premier semestre, ni le grand musée londonien dans lequel j’ai fait des conférences au printemps ne m’ont, à ce jour, payé malgré mes relances. C’est toujours la classe d’emprunter de l’argent à sa mère pour pouvoir avoir un toit au Japon alors que cet argent vous l’auriez si les gens étaient sérieux.
Donc lundi, pas d’argent de la part de Shizuoka. Vous êtes gentils les cocos mais OK, j’ai payé tous mes logements et OK vous allez tout me rembourser mais moi je n’ai quasiment plus rien sur mon compte et donc je comptais manger avec l’argent que vous me devez et que vous étiez donc censés me donner là en arrivant, comme stipulé sur le contrat que vous venez à l’instant de me faire signer. De plus, le remboursement en question, ce sera à la japonaise, c’est-à-dire intégralement en liquide. Liquide que je vais devoir me trimballer jusqu’à la fin du voyage (heureusement le Japon est un pays sûr), ramener en France, encaisser à la banque pour enfin boucher le trou sur mon compte. Que du bonheur. Bref, au final j’aurai eu les sous jeudi uniquement. Ça c’est le dénouement, mais entre-temps il aura fallu les rappeler pour savoir quand je pourrai repasser et la seule réponse qu’on a eue c’était « on vous appellera quand l’argent sera là ». Et également mon collègue a dû payer le médecin pour moi, super (rien de grave, mais on m’a roulé sur le doigt de pied avec une grosse valise bien lourde. L’ongle me rentrait dans la peau et ça c’était infecté).
Au final mon collègue m’apprendra que le jeune homme qui s’occupe de tout ça, et qui effectivement ne m’a pas l’air bien dégourdi, est le fils de quelqu’un de haut placé à la préfecture. Tout s’explique.
Je crois qu’il n’existe pas au monde un endroit où l’administration/la bureaucratie fonctionne correctement et efficacement.
Et donc, je parlerai du centre archéologique dans un prochain billet, sinon cela fera beaucoup trop long ^_^.