Tôkaidô – La route de la mer de l’est
Bien.
Nous nous étions quittés sur la ligne du shinkansen (le TGV japonais) de Shizuoka à Fukuoka.
Je voudrais donc, pour reprendre mon récit, faire un petit aparté sur le Tôkaidô (« tô » = Est, « kai » = mer et « dô » = route, la route de la mer de l’est).
Le Tôkaidô désigne un des principaux axes de circulation du Japon, passé et présent. Sur un archipel aussi montagneux que le Japon, les grandes voies de circulation serpentent bien souvent le long des côtes. Ce qui fait la renommée du Tôkaidô (en fait, je devrais dire « de la Tôkaidô », mais on dit « le » en français) ce sont, à mon sens, deux choses principales. D’une part le fait que cette route qui relie Kyôto et Tôkyô, les deux capitales du Japon, est devenue un axe majeur d’échange durant la période d’Edo (1600-1868) lorsque l’Empereur résidait à Kyôto et le shogun à Edo (donc Tôkyô), emprunté par les voyageurs, les marchands, mais aussi les familles nobles qui devaient obligatoirement résider une partie de l’année à Edo. Et d’autre part la série d’estampes du peintre Hiroshige, « les 53 stations du Tôkaidô » parues entre 1833 et 1834.
Et pour moi, cela évoque également le manga Rurôni Kenshin (Kenshin le Vagabond) de WATSUKI Nobuhiro, puisque Kenshin et Sanosuke l’empruntent pour se rendre à Kyôto pour aller affronter Makoto Shishio, et que Misao fait, elle, carrément l’aller-retour entre Kyôto et Tôkyô pour tenter de retrouver Aoshi.
Sur une longueur d’environ 500 km, il fallait environ deux semaines au voyageur pour parcourir la distance et les 53 étapes (les shukuba = relais) permettaient de s’arrêter la nuit. Aujourd’hui, le Tôkaidô existe toujours puisqu’on y trouve encore les principaux axes de circulation reliant le Kantô (région de Tôkyô) et le Kansai (région de Kyôto et Ôsaka) : une ligne de chemin de fer « classique » (tôkaidô honsen, de Tôkyô à Kôbe), une ligne de shinkansen (tôkaidô shinkansen, de Tôkyô à Ôsaka), la route nationale 1 (kokudô ichigo, de Tôkyô à Ôsaka) qui reprend le plus fidèlement l’ancien axe historique et l’autoroute Tômei-Meishin (tômeimeishin kôsoku dôro, de Tôkyô à Nishinomiya près de Kôbe).
Cette petite introduction posée, ce que je voulais vous montrer en fait, ce sont les estampes peintes par Hiroshige correspondant aux stations (ou aux relais, donc) où je suis passée (vous trouverez la liste des 53 stations ici). Alors, ne vous imaginez surtout pas que je vais vous montrer la photo correspondant à l’estampe et que, comme par magie, on retrouvera les anciens bâtiments encore debout, entourés d’éléments contemporains en un joyeux et dépaysant décalage comme on peut le faire pour beaucoup de lieux en France. Comme je l’ai expliqué déjà à plusieurs reprises, en dehors des sanctuaires et temples, au Japon extrêmement peu de bâtiments ancien en milieu urbain ont survécu. Et, de plus, je n’ai pas parcouru cette route du début à la fin dans le but précis de photographier les lieux et paysages correspondant aux estampes. Non, simplement, en me déplaçant de Tôkyô à Kyôto pour de toutes autres raisons, je suis passée par certains de ces endroits.
Première station : Shinagawa-juku.
De Shinagawa, je ne connais que la gare où je suis passée au début de ce périple afin de prendre le shinkansen. Shinagawa-ku est aujourd’hui un des 23 arrondissements de Tôkyô, avec sa grande zone portuaire et le nom est familier des utilisateurs de la célèbre Yamanote-sen (la ligne circulaire Yamanote que l’on prend donc en direction de Shinagawa).
Neuvième station : Odawara-juku.
J’ai visité Odawara et son célèbre château en août 2003, il y a donc fort fort longtemps. Je me souviens d’un pique-nique organisé malgré le temps pluvieux, d’un château perdu entre le rivage de l’océan tout proche, les montagnes dans son dos et l’autoroute et la ligne de shinkansen passant entre les deux (formidable paysage…hum…), d’un ciel plombé mais d’une superbe sortie entre amis (la majorité d’entre eux rencontrés au Japon et qui sont toujours des amis). Tiens d’ailleurs je vous ressortirai les photos, promis !
Dixième station : Hakone-juku.
Hakone est une des principales stations de villégiature des Tokyoïtes de l’ouest. Située dans la région des cinq lacs du Mont Fuji (que j’ai déjà évoqué dans plusieurs petits articles), on peut y faire des balades, du pédalo sur les lacs, manger des œufs cuits dans une eau riche en soufre, voir le Mr Fuji – enfin, quand on est chanceux, donc pas comme moi – et aller au onsen, les sources d’eau chaude. Ce n’est pas forcément la plus belle des régions des cinq lacs autour du Mt Fuji mais, contrairement à Yamanaka par exemple, Hakone est accessible en train depuis Shinjuku. J’y suis allée plusieurs fois lorsque je vivais à Tama et j’y ai de superbes souvenirs.
Dix-neuvième station : Fuchû-juku.
Ici, je pourrais effectivement vous montrer des photos récentes pouvant correspondre au lieu d’antan (mais qui n’apparaît pas sur l’estampe) puisque nous sommes en plein centre de l’actuelle Shizuoka, au niveau du château de Sunpu qui est toujours présent. J’y suis d’ailleurs passée maintes fois lors de mon séjour en août 2016.
Vingt-neuvième station : Hamamatsu-juku. Hamamatsu est une station balnéaire de l’actuelle préfecture (ou département) de Shizuoka. Elle est connue pour ses longues plages le long du Pacifique et son château (il est minuscule, c’est très surprenant). Bon, d’accord, vu qu’il y a un château et que j’y suis allée, je pourrais vous montrer là aussi des photos, comme pour Odawara ^_^. En plus le château apparaît ici dans l’estampe.
Néanmoins, mes souvenirs de Hamamatsu sont plutôt ceux d’une virée entre copains en 2003 où nous avions pris la ligne tôkaidô honsen, d’abord depuis l’actuelle ligne de banlieue Odakyû (qui part de Shinjuku et va jusqu’à Hakone, Enoshima ou Odawara), puis changement à Odawara direction Hamamatsu. 3 ou 4 heures de train local aller et la même chose au retour, pour un simple weekend. Mais pour des souvenirs inoubliables.
Arrivée : Sanjô Ôhashi (le grand pont de Sanjô).
Ce pont enjambe la rivière Kamo au cœur de Kyôto. Bien sûr, aujourd’hui il y a toujours un pont à cet endroit, mais il est en béton. Néanmoins cela reste un endroit très agréable pour flâner car les berges de la rivière Kamo sont aménagées et on peut s’y promener, y faire du vélo, y pique-niquer…
Lorsqu’on visite Kyôto, il est quasiment impossible de ne pas passer par ce pont (sauf si, bien entendu, on ne se déplace qu’en métro) puisqu’il est situé entre le château de Nijô, l’ancien palais impérial, la mairie et le temple Nanzen-ji.