Egoutier moi bien !
Je n’y avais pas fait particulièrement attention lors de mes précédents voyages mais, au Japon, même les plaques d’égout (ou d’arrivée d’eau pour les pompiers) valent le détour. D’ailleurs les gens ont parfois dû me trouver bizarre à photographier des plaques d’égout mais bon, les touristes sont comme ça, ils sont bizarres ^_^.
Donc, les plaques que l’on ne regarde plus par chez nous (et encore, je suppose qu’il existe des villes en France où on peut voir de belles plaques d’égout) au Japon se parent de motifs et de couleurs. Sur certaines on a simplement des motifs géométriques recherchés, mais sur d’autres il s’agit d’un rappel du monument connu de la ville ou du village.
Et pour l’arrivée d’eau pour les pompiers, tout simplement elles illustrent leur fonction on ne peut plus clairement.
Voici donc quelques exemples.
On commence donc par la plaque d’arrivée d’eau pour les pompiers, ici photographiée sur un trottoir de Fukuoka.
C’est à la fois esthétique et coloré, et cela indique clairement, au premier coup d’œil, la fonction de ladite plaque. Il est également écrit 消火栓 (shôkasen) soit « bouche d’incendie ». On ne peut pas être plus clair.
La seconde a été prise dans une rue piétonne et commerçante d’Osaka et représente le château d’Osaka entouré de fleurs de cerisiers. Cela évoque très bien le lieu puis qu’effectivement, le château est entouré d’un parc avec de nombreux cerisiers et la vue est tout à fait charmante au printemps (en revanche, le château en lui même est un faux : il a été reconstruit en béton et l’intérieur, qui n’a plus rien de traditionnel, a été réaménagé en musée).
Celle-ci a été prise dans la ville d’Izumi, dans le département d’Osaka.
Izumi est une petite ville dans la périphérie d’Osaka célèbre pour son site archéologique d’Ikegami-sone et pour le musée qui a été construit à côté, le musée de la culture Yayoi.
Pour résumer, la période Yayoi (env. 900-800 avant notre ère – env. 250 de notre ère) est une période cruciale dans l’histoire des sociétés de l’archipel japonais puisqu’elle voit l’arrivée de l’agriculture (et surtout du riz), le développement de très grands villages voire de proto-agglomérations, l’apparition de chefs puissants et une première étape de hiérarchisation de la société ainsi que des contacts diplomatiques avec la Chine des Han.
Le site d’Ikegami-sone est l’un de ces énormes villages qui comprenait en son centre un énorme bâtiment en bois associé à un puits, une organisation en quartiers spécialisés (artisanat, habitat…) et on y a retrouvé énormément de vestiges en fouilles. Ici, la plaque représente le motif d’un célèbre miroir de bronze de la période Yayoi, figurant des scènes de chasse au cerf, des bâtiments et des embarcations.
L’inscription いずみ et うすい veut dire « Izumi » et « eau de pluie ».
Dans le même style, voici une plaque prise dans la ville de Tawaramoto, dans le département de Nara.
Ici aussi il s’agit d’évoquer un célèbre site archéologique à savoir Karako-kagi (également de la période Yayoi). Tout comme à Ikegami-sone, on y a retrouvé les vestiges d’un très grand village et de bâtiments de grande taille. Ici c’est un bâtiment surélevé, qualifié de « tour » par les archéologues japonais (c’est une reconstitution de l’élévation du bâtiment faite à partir de trous de poteaux retrouvés en fouille donc c’est -j’insiste- une proposition de reconstitution) qui a été reconstruit dans le parc archéologique ouvert au public et attenant au musée consacré au site.
L’inscription たわらもと donne le nom de la ville, Tawaramoto.
Si le sujet vous intéresse et que vous souhaitez voir d’autres exemples remarquables de plaques à travers tout l’archipel, je vous conseille ce blog. Bonne lecture !