Yôkai, Yûrei, Bakemono et autres réjouissances

C’est Halloween, la Toussaint, le changement d’heure (comment ça, ça n’a aucun rapport ?) et les fantômes reviennent nous hanter. Et si, personnellement, les fantômes, spectres et autres vampires de notre folklore ne me font personnellement plus grand chose (l’habitude tue le frisson dirons-nous), les fantômes, esprits et autres monstres japonais me font une peur bleue.
Soyons clairs tout de suite, il n’existe pas d’équivalent d’Halloween au Japon et la Toussaint ne leur évoque rien puisque la très grande majorité des japonais ne sont pas chrétiens. La fête des morts japonaise, O-bon, se fête traditionnellement en juillet ou en août, selon la région et n’est pas fériée. Mais comme chez nous c’est la saison des spectres et des apparitions, faisons-nous un peu peur avec les vilaines créatures qui peuplent l’imaginaire japonais…et il y en a !

Il faut dire que le shintô, la religion animiste du Japon qui considère que tout phénomène naturel (plante, rivière, rocher…) abrite un esprit, est un terreau fertile pour la création de mille et une créatures fantastiques. Parmi celles-ci, on distingue plusieurs catégories : les yôkai, les yûrei et autres bakemono.

Le terme bakemono (« chose qui change », prononcez « bakémono ») désigne l’ensemble des créatures métamorphes comme les kappa, les tanuki, les kitsune… même si le terme est souvent employé pour désigner les fantômes en général. Si certains bakemono sont assez sympathiques, comme les tanuki (le tanuki, « tanouki », est le blaireau japonais, appelé aussi chien viverrin) qui se transforment en humains pour leur jouer des tours, certains sont de vrais monstres comme le kappa (très populaire pourtant dans le folklore japonais car il a un côté maladroit et amusant) qui aime particulièrement noyer les humains pour leur arracher l’anus dont il raffole (oui  oui ^_^).

Le terme yôkai (prononcez « yôkaï ») désigne tous les monstres, y compris les bakemono. Le yôkai est donc une créature possédant un pouvoir surnaturel, d’apparence animale ou humanoïde mais il peut également être un objet. Le passe-temps favori des yôkai est de faire s’attaquer aux humains, par esprit de vengeance par exemple, ou tout simplement parce que c’est dans leur nature. On trouve des yôkai partout : dans la nature, dans les bâtiments abandonnés, dans les maisons (démons domestiques qui sont les seuls à pouvoir être bénéfiques)… Quelques yôkai célèbres : Onibaba, la vieille grand-mère ogresse, Futakuchi-onna (prononcez « foutakutchi-on’na ») la femme à deux bouches dont la seconde, insatiable, est située à l’arrière de son crâne dans ses cheveux, Nue (« noué ») qui est une chimère (tête de singe, corps de tanuki, tête de tigre, serpent en guise de queue) qui apporte le malheur et la maladie. Il est possible de se protéger des yôkai à l’aide d’un ofuda, un talisman sur lequel est noté le nom d’une divinité protectrice.

Et puis il y a également les yûrei (« prononcez « youleï ») qui sont les fantômes, les esprits humains tourmentés venus hanter les vivants. Le yûrei est donc la créature fantastique japonaise qui est la plus similaire à ce que nous connaissons en occident. Le yûrei est donc l’âme d’un défunt qui ne peut pas quitter le monde des vivants, soit parce que les rites funéraires à son encontre n’ont pas pu être pratiqués correctement (et donc n’ont pas pu lui permettre de rejoindre le paradis), soit parce que sa mort a été violente et la haine, la colère, les émotions liées à cette mort ne sont pas apaisées. Le yûrei est le plus souvent représenté comme un être évanescent vêtu d’une longue robe blanche et n’ayant pas de pieds. Parmi les fantômes vengeurs, on trouve souvent des femmes (assassinées, trompées, violées) qui reviennent hanter leur bourreau. La seule façon d’éloigner un yûrei est, comme pour les yôkai, le ofuda mais la seule façon de s’en débarrasser définitivement est d’apaiser son âme tourmentée.
Et moi, les yûrei, ils me font peur T-T.

Pour ceux qui souhaiteraient se frotter aux créatures fantastiques japonaises, quelques suggestions faciles à trouver en France :
- au cinéma : « Ring » (pas le remake américain, merci) et « The Grudge », pour les films récents. Ca fait vraiment peur, sans être gore, mais vous dormirez un peu moins bien en y repensant.
- en manga : « Tensui, l’eau céleste » en 2 vol. chez Casterman (très grand public), « Tomie » en 3 tomes aux éditions Tonkam (là c’est gore) ou encore « Kitaro le repoussant » en 10 vol. aux éditions Cornelius (un grand classique populaire de la BD japonaise)

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Commentaires (4)

Big Aloctobre 31st, 2011 at 12 h 34 min

Alors d’abord, j’adore cet article ! Depuis que j’ai vu Pompoko, je suis friande des histoires de fantômes et de créatures du folklore japonais, donc merci :)

Ensuite, j’ai grâce à toi trouvé le nom de mon prochain personnage de WoW (la prochaine extension s’appellera Mist of Pandaria, et mettra en scène une nouvelle race : les pandarens, oui je sais, aucun rapport avec le Japon) !

Enfin, j’suis blasée, Tomie il existe plus :(

Yumioctobre 31st, 2011 at 15 h 53 min

Tomie je dois avoir deux tomes à la maison (de mémoire), je te les prêterai si tu veux :)
J’ai aussi les deux tomes de « Tensui, l’eau céleste ».

Gejinderoctobre 31st, 2011 at 22 h 42 min

Tomie va être rééditer: http://www.animeland.com/news/voir/3052/TOMIE-reedite

Big Alnovembre 1st, 2011 at 11 h 54 min

Youpiiiiiiiiii !

Deux fois youpiiiiiiiiii !

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