Le Shôsô-in du temple Tôdai-ji à Nara (octobre 2011)
Un bâtiment shôsô désigne à l’origine un entrepôt contrôlé par le gouvernement régional ou central, ou bien l’entrepôt d’un temple.
Le terme shôsô-in désigne ledit bâtiment et l’espace qui l’entoure, délimité par une clôture.
Ce type de bâtiment était commun durant l’époque de Nara (710-794) mais le Shôsô-in du temple Tôdai-ji est le seul à avoir survécu. Si bien que le terme shôsô-in est devenu un nom propre désignant uniquement ce bâtiment.
Le Shôsô-in est donc un entrepôt, d’où son architecture simple et sans fioritures décoratives, ainsi que sa structure à plancher surélevé. Héritée des greniers à riz de la protohistoire (ce type de bâtiment surélevé apparaît durant la période Yayoi), l’élévation du plancher du bâtiment permet de le préserver des animaux nuisibles, comme les rongeurs, et ses murs épais ainsi qu’une très bonne aération assurent àux objets qu’il abrite des conditions idéales de conservation. D’ailleurs, les 8 932 objets de l’inventaire du Shôsô-in, dont la plupart remontent au VIIIè siècle de notre ère ou avant, sont parvenus jusqu’à nous en très bon état de conservation. Ils sont cependant aujourd’hui conservés dans un bâtiment moderne (un incendie étant toujours possible…), sous la responsabilité de l’Agence Impériale, et des expositions d’objets choisis sont organisées chaque année au Musée National de Nara pour garantir au public un accès à ces trésors.
L’architecture du Shôsô-in
Le Shôsô-in est construit dans le style azekura. Ses dimensions sont : 33m de long, 10m de large, 14m de haut en comptant 2.5m de surélévation du plancher.
Il s’agit d’un bâtiment rectangulaire à plancher surélevé, dont les piliers en bois reposent chacun sur un socle en pierre et dont les murs sont construits en rondins empilés et entrecroisés aux quatre coins. La différence avec un bâtiment classique en rondins est que ces derniers sont ici triangulaires et permettent ainsi à l’air de circuler à travers les murs (le bois se rétracte par temps sec), mais pas à l’humidité (l’été est chaud et humide à Nara, sans compter la saison des pluies, tsuyu, de juin, le bois gonfle donc).
Le toit est en tuiles, technique de couvrement importée de Chine durant l’Antiquité (auparavant, on utilisait du chaume).
Constitutions des collections du Shôsô-in
A l’origine, le Shôsô-in fut construit par l’impératrice Kômyô vers 756 pour abriter les collections personnelles de son défunt mari l’empereur Shômu, en une donation au temple Tôdai-ji, afin que son âme repose en paix. Cette collection représentaient environ 600 objets dont beaucoup étaient des objets usuels de l’empereur (livres, outils de calligraphie, instruments de musique, vaisselle, costumes…) dont la valeur est aujourd’hui inestimable compte-tenu de leur ancienneté.
Cette collection s’est ensuite enrichie d’objets provenant d’un autre bâtiment du Tôdai-ji en 950, avec l’ajout de pièces provenant de Perse (via la route de la soie), des costumes, masques et instruments de musique ayant servi durant la cérémonie d’ouverture des yeux du Grand Buddha en 752 (c’est à dire l’inauguration de la grande statue en bronze abritée dans le Daibutsuden -bâtiment abritant le grand Buddha- du temple Tôdai-ji), ainsi que de nombreuses bannières décoratives datant de la célébration du premier anniversaire de la mort de l’empereur Shômu.
J’ai eu la chance de voir ce superbe bâtiment lors de ma visite de Nara et d’admirer ses formes brutes et épurées qui dégagent à la fois puissance et légèreté.
Malheureusement je n’avais pas de grand angle et il n’y a pas suffisamment de recul sur le site pour le capturer en entier donc j’ai dû me résoudre à vous mettre ici un cliché pris sur internet, sur le site pour les enfants de l’Agence Impériale japonaise.
Sources :