Le temple Hôryû-ji (novembre 2011)

L’oeuvre du mois de novembre sera aussi un monument. Bien qu’il soit peu connu en dehors du Japon (enfin, à vrai dire, à part le pavillon d’or de Kyôto, qui peut me citer le nom d’un temple japonais ? D’ailleurs le pavillon d’or appartient à quel temple ? ;) ), le Hôryû-ji est le temple le plus cher aux yeux des japonais. Beaucoup moins grand et spectaculaire que l’immense Tôdai-ji de Nara, beaucoup moins connu le célèbre pavillon d’or de Kyôto ou encore que le sanctuaire de Miyajima avec son célèbre torii rouge les pieds dans l’eau, le Hôryû-ji est le symbole de l’empire japonais, un des plus anciens témoins de l’introduction du Bouddhisme au Japon et le plus vieux bâtiment en bois du monde encore debout à ce jour. Il est également attaché à la figure mythique de Shôtoku Taishi, le « Clovis japonais » (oui je fais un énorme raccourcis mais c’est pour bien montrer la dimension historique de ce personnage).

Shôtoku Taishi, prince impérial et régent

Shôtoku Taishi (env. 574-622) était un des fils de l’empereur Yômei. Fin politicien, il prit part très jeune au conflit entre les trois clans les plus influents de la Cour impériale de l’époque : les Soga d’un côté et les Mononobe et Nakatomi de l’autre. Les premiers étaient partisans de la nouvelle religion, le Bouddhisme (introduit par les coréens au milieu du VIè siècle) et des idées nouvelles venant du continent (Chine et Corée) et les seconds défendant les traditions et la religion pré-bouddhique. Une véritable guerre civile eût lieu entre ces clans et ce sont finalement les Soga qui en sortirent vainqueurs. Le bouddhisme et les cultures chinoises et coréennes furent adoptées à travers tout le Japon, façonnant pour des siècles l’ensemble de la société nipponne.

Ayant soutenu les Soga, le prince Shôtoku fût nommé régent par l’impératrice Suiko. Fervent bouddhiste et partisan des échanges avec l’empire chinois, il envoya la première ambassade officielle japonaise en Chine et, selon la légende, on lui doit l’invention du terme nihon (ou nippon, « soleil levant ») qui désigne encore aujourd’hui le Japon, dans une lettre à l’empereur de Chine : « l’empereur du pays où le soleil se lève envoie une lettre à l’empereur du pays où le soleil se couche ». Autant dire que, toujours selon la légende, l’initiative fut très peu appréciée par l’empereur de Chine, seul et unique empereur à régner sur le monde (selon lui-même).

D’un point de vue politique, le prince Shôtoku fut l’auteur (officiellement) du premier code japonais (embryon de constitution pour ce nouvel état en formation), il promulgua également une liste de douze rangs à la cour qui instituait, sur le modèle chinois, une hiérarchie entre les courtisans. Il joua un grand rôle dans le renforcement du pouvoir central de l’impératrice et favorisa la diffusion du bouddhisme.

Figure historique dont on sait au final très peu de choses, il devint une légende et un véritable culte lui est rendu depuis en tant que protecteur du Japon et du pouvoir impérial.

Les plus vieux bâtiments en bois du monde encore conservés

Situé dans la localité de Ikagura, dans la préfecture de Nara, la construction du Hôryu-ji aurait été ordonnée par l’impératrice Suiko et le prince Shôtoku en 607, suite au vœu de l’empereur Yômei. Il est dédié au Bouddha de la guérison. De ce premier édifice, détruit probablement par un incendie en 670, il ne reste que les fondations, retrouvées grâce à des fouilles archéologiques. Le palais du prince Shôtoku, disparu lui aussi, était construit près de ce premier temple.
Le temple fut reconstruit aussitôt et achevé vers 711, il est composé de deux parties : la partie ouest, le Sai-in, où sont construits le Hondô et la pagode à 5 étages, et le Tô-in à l’est où s’élève le célèbre pavillon octogonal Yumedono (la salle des rêves).

D’un point de vue stylistique, le plan du Hôryû-ji est original puisque, contrairement aux temple chinois qui servaient à l’époque de modèle aux temples japonais, la pagode et le Hondô ont ici été construits côte à côte et non alignés dans l’axe de la porte principale. Le style architectural reprend des éléments typiques de la période d’Asuka à laquelle il appartient, avec une influence importante des architectures chinoises des Han Postérieurs et des Wei (IIIè siècle de notre ère) et du royaume coréen en Baekje (IIIè-VIIè siècles de notre ère), style qui disparaitra complètement à l’époque de Nara au VIIIè siècle.

Bien qu’il y ait eu au cours des siècles de nombreux remaniements et accidents, il est attesté, par dendrochronologie (datation par le comptage des cernes des arbres), que la pagode est le bâtiment original et qu’il subsiste environ 15 à 20% des éléments originaux du Hondô (suite à un incendie en 1949). Le Yumedono octogonal, lui, date de 739, c’est-à-dire de la période de Nara mais reste néanmoins plus ancien que la plupart des grands temples de Nara.

Les photos étant interdites à l’intérieur de l’enceinte du Hôryû-ji, j’ai ramené le petit album de cartes postales qui lui sont consacrées, que je vous ai scannées dans l’album ci-dessous.
J’avais fait quelques photos à l’extérieur mais je crois malheureusement que cette pellicule que je cherche depuis des mois s’est perdue corps et bien dans mes différents déménagements T-T.

Hôryû-ji
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