(Très) brève histoire du bouddhisme au Japon
La diffusion du bouddhisme vers l’archipel nippon s’est faite par la route de la soie, via la Chine et la péninsule coréenne. Il s’agit donc du bouddhisme mahâyâna.
Officiellement, le bouddhisme a été transmis à l’archipel japonais en 538 ou en 552 par des cadeaux diplomatiques envoyés par le souverain du royaume coréen de Baekje (ou Paekche selon les transcriptions, Kudara en japonais). Ayant reçu une statue de Buddha ainsi que des textes sacrés, l’empereur du Yamato (ancien Japon) décida d’accepter cette nouvelle religion.
Les débuts du bouddhisme dans l’archipel ne se firent pas sans mal puisqu’ils furent liés à la lutte pour le pouvoir entre trois grands clans : les Soga soutenant le bouddhisme, les Mononobe et les Nakatomi soutenant la religion originelle du Japon. Finalement, la nouvelle religion fut déclarée religion d’état en 592 et le prince Shôtoku Taishi, fils de l’empereur Yômei dont nous avons déjà parlé ici, oeuvra pour son développement dans l’archipel.
C’est à partir de cette période que des religieux japonais furent envoyés en Chine pour étudier le bouddhisme à sa « source » et ils en rapportèrent de nouveaux textes ainsi que les enseignements des divers courants (appelés sectes) existant déjà sur le continent (on retrouve ainsi à l’époque de Nara des sectes suivant le hînayâna aussi bien que des sectes suivant le mahâyâna). Le Bouddhisme japonais évolua ainsi de trois manières différentes (qui ne s’excluent pas) : par le renouvellement des courants de pensée régulièrement rapportés de Chine par des moines japonais envoyés en pélerinage sur le continent, par une évolution interne aux sectes japonaises, et par un mélange avec la religion originelle (le shintô).
Le bouddhisme resta assez longtemps la religion des lettrés (et donc des classes supérieures de la société) et ce n’est qu’avec le développement du bouddhisme de la Terre Pure qu’il atteint le peuple. Le bouddhisme de la Terre Pure (pour simplifier) propose aux fidèles d’accéder à la Terre Pure, le paradis de l’ouest où réside le bouddha Amida, en faisant preuve d’une grande dévotion envers ce dernier. Là, après leur mort, baignés dans la lumière divine, il pourront progresser pour enfin atteindre l’Eveil et devenir des bouddhas (en résumé : comme c’était un peu trop difficile pour le commun des mortels d’élever son âme et sa conscience pour atteindre l’Eveil, soit un niveau supérieur de conscience, on lui a dit de simplement prier le bouddha Amida pour aller au paradis).
De très nombreuses sectes se développèrent tout au long de l’histoire du Japon et certaines prirent une importance politique telle (comme à l’époque de Nara) que l’empereur eût à lutter contre elles en changeant de capitale (transition Nara-Heian).
Il reste aujourd’hui treize sectes bouddhistes dans l’archipel dont trois héritées de l’époque de Nara, deux datant de Heian et huit remontant à l’époque de Kamakura, dont quatre relevant de la Terre Pure et trois liées au bouddhisme zen.
C’est de ce dernier courant, le bouddhisme zen, que je vous parlerai une prochaine fois, pour vous amener peu à peu à toucher du doigt l’esprit de l’esthétique japonaise comme je l’ai déjà évoqué ici.