Zen ai marre !

Oui, le jeu de mot est douteux, mais que voulez-vous, j’ai déjà utilisé « quelques notions de… » en guise de titre et me lancer dans une « introduction à… » me parait un peu prétentieux. Je ne suis pas une spécialiste du bouddhisme zen donc je n’aurai pas la prétention de vous y introduire, encore moins de tenter de vous l’expliquer à travers ce que moi j’en ai compris. Parce qu’on ne peut, de toute façon, pas expliquer le zen avec des mots.

Donc pour commencer, zen ai marre ! Marre de voir utiliser le mot « zen » à toutes les sauces en occident : zen soyons zen, du sang froid dans les veines comme le dit la chanson, « reste zen », le zen c’est le Japon, une déco zen, une fontaine zen, de la musique zen…. STOP !
LE zen… non, pas LE zen. Le bouddhisme zen. Car avant toute chose c’est un courant du bouddhisme et ses principes sont basés sur l’enseignement du Buddha.

Il n’existe aucun document, aucune trace, du contexte dans lequel se serait développé le bouddhisme zen en Inde.
Il aurait été introduit en Chine au Vème siècle de notre ère (je rappelle que Buddha vécut au Vème siècle avant notre ère) par un moine nommé Bodhidharma (Daruma en japonais) qui y fonda l’école Chan (qui s’appelle zen au Japon) dont il est considéré comme le premier patriarche.
Bien entendu, ceci c’est pour la légende. D’un point de vue historique, on peut seulement affirmer que le Chan est une école du bouddhisme qui s’est développée en Chine à partir du Vème siècle de notre ère et que ses « fondateurs » sont certainement les premiers patriarches, disciples de Bodhidharma dans la légende. Le Chan est un courant contemplatif du bouddhisme mahâyâna (déjà évoqué ici) dont Bodhidharma serait le 28ème patriarche en Inde et dont l’enseignement remonterait en ligne directe à celui du Buddha lui-même.

De la figure de Bodhidharma est née l’image du vieux maître que les disciples interrogent sans cesse pour comprendre l’origine de sa sagesse et le moyen de l’atteindre et auxquels le maître répond par des paroles incompréhensibles.
Comme ce dialogue célèbre (mais légendaire) entre Bodhidharma et l’empereur de Chine Wu qui cherchait l’approbation du sage quant à ses actions en faveur du bouddhisme :

- « Nous avons érigé des temples, copié les écritures saintes, opéré la conversion de moines et de religieuses. Voyez-vous, ô Vénérable Seigneur, un mérite à cela ? »

- « Aucun »

- « Quelle est alors la vérité sacrée, le premier principe ? »

- « Dans l’immense vacuité, rien n’est sacré »

- « Qui êtes-vous, alors, pour vous présenter devant moi ? »

- « Je l’ignore, Votre Majesté »

Tout le principe de l’enseignement du Chan est là : pousser le disciple dans une impasse intellectuelle en le surprenant, le déroutant afin qu’il prenne conscience que toute réflexion n’est qu’une réflexion SUR quelque chose alors que le Chan cherche la sensation DE cette chose.
Pour cela le Chan rejette tout enseignement doctrinal, toute théorie, toute idéologie, toute forme définie de la pensée qui ne sont que des concepts de la réalité. Ce ne sont que des poteaux indicateurs qui montrent le chemin mais pas le chemin lui-même. Le Chan tente de créer un contact direct avec la réalité.
Le Chan prend ses racines dans l’enseignement du Buddha dont il essaie de faire renaître la vision intérieure, l’expérience de l’Illumination. Buddha lui-même ne parla jamais de l’Illumination car aucun mot ne pouvait l’exprimer, car c’était une expérience personnelle et la plupart de ses disciples firent du bouddhisme une religion en cherchant l’Illumination dans le doigt de Buddha qui pointait le vide et non dans le vide lui-même.

En Chine, le Chan évolua à partir des premiers enseignements de Bodhidharma et se trouva de nombreuses affinités avec le Tao (taoïsme) qui l’influença fortement. Il connut son âge d’or sous les dynasties Yuan et Song (entre 713 et 1367) avant d’être supplanté par le bouddhisme de la Terre Pure (quelques mots à ce propos ici). C’est vers la fin du XIIème siècle que le bouddhisme Chan/Zen se transmit au Japon.

 

La photo illustrant ce texte est une photo du plus célèbre jardin zen du Japon, au temple du Ryôan-ji de Kyôto (photo personnelle).
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