Pour la première fois depuis que je viens au Japon (donc depuis 2003), je ne ferais pas de séjour sur Tokyo, enfin dans la banlieue ouest de Tokyo pour être plus précise. Ma base arrière en quelque sorte. Mais Shizuoka n’étant pas si éloignée que cela, je ne pouvais évidemment pas manquer de faire un crochet durant le weekend pour voir Ryôko, même si deux petits jours c’est court.
Donc me voilà partie pour reprendre le shinkansen direction Shinagawa, puis la ligne Yamanote (la ligne circulaire de Tokyo) vers Shinjuku, et enfin le train de banlieue (ligne Keio) jusqu’à Takahata Fudô. Deux heures de voyage, ça va. J’ai pris ma valise à roulette avec moi, bourrée de cadeaux pour Ryôko et Ichi-kun, son homme (c’est la technique de la valise cabine qui ne sert pas pour les vêtements : l’emmener pleine de cadeaux pour les amis et la ramener pleine de souvenirs). Cette année, j’ai amené plein de nougats et chocolats ainsi que des gels douche avec des senteurs qu’on ne trouve pas au Japon comme « fleur d’oranger » ou « amande douce » etc… Les japonais sont passés maîtres dans l’art de la douche et du bain mais, différences culturelles obligent, les senteurs des produits de beauté ne sont pas les mêmes. J’ai aussi ramené des petits pots de miel pour Ryôko, me souvenant que lors de mon dernier voyage elle m’avait dit adorer le miel. Je lui ai donc ramené trois miels de petits producteurs locaux de Corrèze : un d’acacia, un de forêt et un de fleurs des champs. Je savais au fond de moi que ce serait quelque chose d’étonnant pour elle car, bien qu’ »aimant le miel », chez elle il n’y avait que du miel d’une couleur fade dans un flacon en plastique avec bec verseur… de l’industriel en somme. Donc Ryôko a découvert que le miel pouvait avoir plusieurs couleurs…
Au programme de ce weekend (du vendredi au dimanche soir) forcément trop court, l’essentiel : KARAOKE !
Mais avant d’entamer les hostilités, il faut nous remplir correctement l’estomac et comme on me laisse le choix de décider de ce que j’aimerais manger, je choisi le restaurant d’okonomiyaki. On trouve des okonomiyaki dans certains restaurants japonais de Paris, néanmoins dans aucun d’entre eux on ne peut faire soi-même son okonomiyaki sur la grande table munie d’une plaque chauffante (d’ailleurs je ferai un post spécialement dédié à mes tentatives de création d’une okonomiyaki).
Je ne détaillerai pas ici le karaoke au Japon puisque je l’ai déjà fait ici. Cette fois-ci nous n’allons pas au karaoke-kan mais dans un autre et nous avons l’excellente surprise de tomber sur une salle équipée d’un micro « rétro » et jeux de lumière, boule à facette… bref, tout pour se prendre pour une star de la chanson !
Bar à boissons et glace à volonté (j’adooooore ce système de forfait boissons au Japon), que demande le peuple ?
Trois heures plus tard nous ressortons tous les trois rassasiés. Manzoku comme dirait Ryôko, la satisfaction.
Le lendemain, dimanche, ce sera petite balade de l’autre côté de la Tamagawa (rivière Tama) pour aller visiter un petit musée archéologique consacré à un kofun (tombe sous tumulus de la période des Kofun, voir ici pour un petit rappel chronologique) et au retour petit détour par le grand temple bouddhiste situé près de chez Ryôko, le Takahata Fudôson. Même si je suis revenue à Hino à plusieurs occasions, je n’étais pas retournée au Fudôson depuis le Jour de l’An 2004, une éternité. Et en fait, je ne l’avais pas vraiment visité, à part le jardin, les allées bondées et le bâtiment principal où nous étions allés prier. C’était alors au mois de janvier, cette fois-ci nous sommes en plein mois d’août, il fait beau et chaud, l’ambiance est bien différente. En guise de souvenir, nous achetons toutes les deux un talisman de bonne fortune comme 13 ans auparavant. Cette fois, je tire celui pour la bonne santé. J’espère qu’il fonctionnera mieux que celui pour la fortune que je trimballe dans mon portefeuille depuis 14 ans !
Encore une fois, je vais vanter le civisme des japonais et leur respect des biens communs.
En clair, si on classait le degré de civilisation des pays du monde sur ce type de critère, la France ne serait clairement pas dans le haut du classement.
L’image qu’on a souvent du Japon, c’est une image de modernité, voire d’environnement quotidien futuriste. C’est finalement une image assez fausse.
Il y a beaucoup de vieilles choses au Japon dans l’environnement urbain, et en premier lieu les gares et les trains locaux. La majorité des gares a été construite extrêmement rapidement durant les années 60-70, lors du boom économique japonais, quand il a fallu développer des infrastructures et réseaux de transport très vite pour accompagner le développement de cités dortoirs en périphérie des grandes villes. Quasiment toutes les gares locales sont faites de la même façon : structure de poutrelles métalliques et habillage léger de parois en bois peint ou plastique et tôles pour recouvrir le tout. Bref, des matériaux qui vieillissent particulièrement mal.
Et pourtant…
Et pourtant, les japonais étant respectueux des biens publics, ces vieilles gares sont toujours là, toujours propres et en bon état. Alors certes, elles ont été repeintes et restaurées, bien entendu. Mais le fait que les gens respectent ces structures contribue évidemment à prolonger leur durée de vie de beaucoup. Pour faire court et cru, ce n’est pas sale et ça ne pue pas la pisse dans les coins.
C’est la même chose pour les trains, dont certains ne sont pas tous jeunes.
Une seule explication : le respect des biens communs. La photo que je vous montre là, avec le petit garçon qui enlève ses chaussures pour s’agenouiller sur la banquette n’est pas un cas isolé. Je l’ai systématiquement vu lorsque je vivais là-bas (et, croyez-moi, j’en ai fait des trajets en train !). Notez que la maman, dans un réflexe tout culturel, retourne toujours les chaussures de son enfant afin qu’elles soient dans le bon sens quand il voudra les remettre.
Bref, je pique-niquerais sans soucis par terre dans une gare ou dans un train au Japon. A quand cette envie par chez nous ?

Au Japon, l’espace public est adapté aux aveugles et malvoyants.
Les trottoirs sont tous fléchés avec des bandes en relief, tout comme les gares, les quais etc…
La majorité des machines parlent (ascenseurs, escalators, distributeurs de billets, de tickets etc…) et tous les feux piétons indiquent qu’ils sont au vert par un signal sonore, le plus souvent ressemblants à un gazouillis d’oiseau de type « coucou ».
Mais on trouve également des indications en braille un peu partout.
Par exemple, dans la gare de Shinjuku, à Tokyo, il y a des indications sur les rampes des escaliers. Ne lisant pas le braille, je ne sais pas ce qu’elles disent, mais j’imagine qu’elles indiquent où mène cet escalier.
Cette photo représente le plan des toilettes du shinkansen, pour que chacun puisse s’y retrouver facilement, voyant ou non. Vous avez donc le plan en relief indiquant la disposition des lieux ainsi que la légende des reliefs au-dessus.
A quand cela chez nous ?
J’ai déjà évoqué ici la restauration ambulante dans le shinkansen avec, dans la série « les japonais sont formidables », la vendeuse qui s’incline en entrant et en sortant de la voiture, que les voyageurs soient assis face à elle ou non.
Voici donc ce que j’ai pris à déjeuner à cette vente ambulante.
Bien sûr, ici pas question de sandwich baguette + ice tea + cookie (ce que je prends souvent en France quand je voyage). Néanmoins on trouve des sandwiches, le plus souvent les sandwiches « triangles » (ici jambon-œufs-salade).
Je l’ai accompagné d’un onigiri (boulette de riz froid). Ici il est rose car c’est du osekihan (« riz rouge ») : le riz est cuit avec des haricots azuki (les haricots rouges japonais) qui donnent au riz sa couleur rosée en déteignant sur lui. J’adore, que dis-je, je raffole du osekihan mais je n’ai jamais été fichue de le cuisiner correctement, et ce n’est pas faute d’avoir essayé (c’est un peu le grand malheur culinaire de ma vie).
Pour le dessert, des petits chocolats enrobés goût fraise comme les japonais savent si bien les faire.
Et le tout arrosé de l’éternel thé vert froid, bien entendu.
Je vous ai déjà raconté mon voyage en shinkansen à travers la moitié du Japon ici.
Voici maintenant quelques petites photos concernant les détails du voyage.
Tout d’abord quelque chose que j’apprécie particulièrement chez les japonais (et qui manque clairement par chez nous) : leur sens de l’organisation et leur civisme.
Donc, quand on attend quelque part, on fait la queue. Que ce soit devant un magasin, un restaurant, un arrêt de bus ou sur un quai de gare (ici à la gare de Shizuoka, en attendant mon shinkansen).
Dans les gares (train ou métro), il y a des marques au sol qui indiquent où se positionner pour faire la queue et où les portes du train s’ouvriront. Cela permet, en plus de garantir une bonne organisation aux heures d’affluence pour les gens entrant dans les voitures ou des rames, de faciliter la sortie des voyageurs qui descendent à cet arrêt. Et donc un arrêt plus rapide, sans drame et sans larmes (pauvres et dérisoires armes). Je n’ai pas fait de recherches précises mais je ne pense pas qu’il existe une expression en japonais équivalente de « foire d’empoigne », hein ^_^.
Il est remarquable de constater qu’en cherchant une traduction précise en français de bentô, je n’ai pas trouvé de terme correspondant. Lunch box ou bien « repas rapide contenu dans un coffret » d’après le dictionnaire de japonais en ligne. Bref, le concept même du repas qu’on emporte pour le déjeuner au travail ou à l’école est tant étranger à la culture française (et donc à la langue française) que je garderai donc le terme bentô (ne me parlez pas de tupperware, le concept n’est pas du tout le même. D’ailleurs les japonais ont aussi des tupperware, qu’ils n’utilisent pas comme bentô).
Donc dans un article précédent, j’évoquais mon quotidien qui consistait à aller acheter mon petit bentô chaque matin avant d’aller explorer la bibliothèque du centre archéologique de Shizuoka. Et en bonne adepte des réseaux sociaux, je vous ai pris de jolies photos de mes menus quotidiens afin de vous les montrer.
Alors, les bentô peuvent être simples (et donc peu chers, comme ici) ou très élaborés (et donc plus chers), certains faisant carrément l’objet de concours. On peut en effet, à un haut niveau, jouer sur les thèmes et on trouve dans les magasins japonais d’ustensiles de cuisine tout plein de petits outils pour donner des formes particulières à ses boules de riz ou découper les feuilles d’algues en des formes diverses et variées (quelques exemples ici, vous remarquerez la différence profonde entre ces créations artistiques et la réalité de ce que j’ai mangé…). Ici, j’ai mangé des onigiri (boulettes de riz), des petits légumes au vinaigre (suzuke) en guise de condiments, des nouilles sautées (yakisoba), divers légumes, des croquettes de pommes de terre (korokke), du porc pané (tonkatsu) ou encore du porc sauté avec des légumes divers et variés. Pas de petite touche sucrée pour le dessert.
Dans l’idéal, en bonne française, j’aurais aimé faire chauffer mes bentô (sinon c’est un peu comme emmener son tupperware de steak haché-petits pois ou jambon-purée et manger le tout froid… beuh -_-), mais je n’avais pas de quoi. J’ai donc mangé le tout froid et, comme en fait c’est conçu pour, c’est très bon, même la viande panée, même les nouilles sautées. Le tout arrosé de thé vert, froid lui aussi, et me voilà dans le quotidien de mes collègues japonais. Un début d’intégration en somme ^_^
Bien.
Nous nous étions quittés sur la ligne du shinkansen (le TGV japonais) de Shizuoka à Fukuoka.
Je voudrais donc, pour reprendre mon récit, faire un petit aparté sur le Tôkaidô (« tô » = Est, « kai » = mer et « dô » = route, la route de la mer de l’est).
Le Tôkaidô désigne un des principaux axes de circulation du Japon, passé et présent. Sur un archipel aussi montagneux que le Japon, les grandes voies de circulation serpentent bien souvent le long des côtes. Ce qui fait la renommée du Tôkaidô (en fait, je devrais dire « de la Tôkaidô », mais on dit « le » en français) ce sont, à mon sens, deux choses principales. D’une part le fait que cette route qui relie Kyôto et Tôkyô, les deux capitales du Japon, est devenue un axe majeur d’échange durant la période d’Edo (1600-1868) lorsque l’Empereur résidait à Kyôto et le shogun à Edo (donc Tôkyô), emprunté par les voyageurs, les marchands, mais aussi les familles nobles qui devaient obligatoirement résider une partie de l’année à Edo. Et d’autre part la série d’estampes du peintre Hiroshige, « les 53 stations du Tôkaidô » parues entre 1833 et 1834.
Et pour moi, cela évoque également le manga Rurôni Kenshin (Kenshin le Vagabond) de WATSUKI Nobuhiro, puisque Kenshin et Sanosuke l’empruntent pour se rendre à Kyôto pour aller affronter Makoto Shishio, et que Misao fait, elle, carrément l’aller-retour entre Kyôto et Tôkyô pour tenter de retrouver Aoshi.
Sur une longueur d’environ 500 km, il fallait environ deux semaines au voyageur pour parcourir la distance et les 53 étapes (les shukuba = relais) permettaient de s’arrêter la nuit. Aujourd’hui, le Tôkaidô existe toujours puisqu’on y trouve encore les principaux axes de circulation reliant le Kantô (région de Tôkyô) et le Kansai (région de Kyôto et Ôsaka) : une ligne de chemin de fer « classique » (tôkaidô honsen, de Tôkyô à Kôbe), une ligne de shinkansen (tôkaidô shinkansen, de Tôkyô à Ôsaka), la route nationale 1 (kokudô ichigo, de Tôkyô à Ôsaka) qui reprend le plus fidèlement l’ancien axe historique et l’autoroute Tômei-Meishin (tômeimeishin kôsoku dôro, de Tôkyô à Nishinomiya près de Kôbe).
Cette petite introduction posée, ce que je voulais vous montrer en fait, ce sont les estampes peintes par Hiroshige correspondant aux stations (ou aux relais, donc) où je suis passée (vous trouverez la liste des 53 stations ici). Alors, ne vous imaginez surtout pas que je vais vous montrer la photo correspondant à l’estampe et que, comme par magie, on retrouvera les anciens bâtiments encore debout, entourés d’éléments contemporains en un joyeux et dépaysant décalage comme on peut le faire pour beaucoup de lieux en France. Comme je l’ai expliqué déjà à plusieurs reprises, en dehors des sanctuaires et temples, au Japon extrêmement peu de bâtiments ancien en milieu urbain ont survécu. Et, de plus, je n’ai pas parcouru cette route du début à la fin dans le but précis de photographier les lieux et paysages correspondant aux estampes. Non, simplement, en me déplaçant de Tôkyô à Kyôto pour de toutes autres raisons, je suis passée par certains de ces endroits.

Première station : Shinagawa-juku.
De Shinagawa, je ne connais que la gare où je suis passée au début de ce périple afin de prendre le shinkansen. Shinagawa-ku est aujourd’hui un des 23 arrondissements de Tôkyô, avec sa grande zone portuaire et le nom est familier des utilisateurs de la célèbre Yamanote-sen (la ligne circulaire Yamanote que l’on prend donc en direction de Shinagawa).

Neuvième station : Odawara-juku.
J’ai visité Odawara et son célèbre château en août 2003, il y a donc fort fort longtemps. Je me souviens d’un pique-nique organisé malgré le temps pluvieux, d’un château perdu entre le rivage de l’océan tout proche, les montagnes dans son dos et l’autoroute et la ligne de shinkansen passant entre les deux (formidable paysage…hum…), d’un ciel plombé mais d’une superbe sortie entre amis (la majorité d’entre eux rencontrés au Japon et qui sont toujours des amis). Tiens d’ailleurs je vous ressortirai les photos, promis !

Dixième station : Hakone-juku.
Hakone est une des principales stations de villégiature des Tokyoïtes de l’ouest. Située dans la région des cinq lacs du Mont Fuji (que j’ai déjà évoqué dans plusieurs petits articles), on peut y faire des balades, du pédalo sur les lacs, manger des œufs cuits dans une eau riche en soufre, voir le Mr Fuji – enfin, quand on est chanceux, donc pas comme moi – et aller au onsen, les sources d’eau chaude. Ce n’est pas forcément la plus belle des régions des cinq lacs autour du Mt Fuji mais, contrairement à Yamanaka par exemple, Hakone est accessible en train depuis Shinjuku. J’y suis allée plusieurs fois lorsque je vivais à Tama et j’y ai de superbes souvenirs.

Dix-neuvième station : Fuchû-juku.
Ici, je pourrais effectivement vous montrer des photos récentes pouvant correspondre au lieu d’antan (mais qui n’apparaît pas sur l’estampe) puisque nous sommes en plein centre de l’actuelle Shizuoka, au niveau du château de Sunpu qui est toujours présent. J’y suis d’ailleurs passée maintes fois lors de mon séjour en août 2016.

Vingt-neuvième station : Hamamatsu-juku. Hamamatsu est une station balnéaire de l’actuelle préfecture (ou département) de Shizuoka. Elle est connue pour ses longues plages le long du Pacifique et son château (il est minuscule, c’est très surprenant). Bon, d’accord, vu qu’il y a un château et que j’y suis allée, je pourrais vous montrer là aussi des photos, comme pour Odawara ^_^. En plus le château apparaît ici dans l’estampe.
Néanmoins, mes souvenirs de Hamamatsu sont plutôt ceux d’une virée entre copains en 2003 où nous avions pris la ligne tôkaidô honsen, d’abord depuis l’actuelle ligne de banlieue Odakyû (qui part de Shinjuku et va jusqu’à Hakone, Enoshima ou Odawara), puis changement à Odawara direction Hamamatsu. 3 ou 4 heures de train local aller et la même chose au retour, pour un simple weekend. Mais pour des souvenirs inoubliables.

Arrivée : Sanjô Ôhashi (le grand pont de Sanjô).
Ce pont enjambe la rivière Kamo au cœur de Kyôto. Bien sûr, aujourd’hui il y a toujours un pont à cet endroit, mais il est en béton. Néanmoins cela reste un endroit très agréable pour flâner car les berges de la rivière Kamo sont aménagées et on peut s’y promener, y faire du vélo, y pique-niquer…
Lorsqu’on visite Kyôto, il est quasiment impossible de ne pas passer par ce pont (sauf si, bien entendu, on ne se déplace qu’en métro) puisqu’il est situé entre le château de Nijô, l’ancien palais impérial, la mairie et le temple Nanzen-ji.
Comme la tortue, je mets une éternité à faire les choses, ou à les terminer. Mais comme la tortue, je les termine.
Voici donc la reprise du carnet de voyage de 2016…avec un an de retard…
Sachant que j’ai aussi eu l’occasion de faire un nouveau voyage au Japon au printemps 2017 et que je souhaite en parler, AU BOULOT FAINÉANTE !!!
Pour me faire pardonner, une petite photo :

Les villes japonaises sont laides.
Je ne parle bien entendu pas des petites villes ayant gardé leurs maisons traditionnelles. Les villes japonaises ne sont pas non plus laides en intégralité, certains quartiers résidentiels pavillonnaires sont forts sympathiques. Mais en dehors de ça, c’est une horreur. C’est un amalgame, un enchevêtrement d’immeubles en métal et en plastique (architecture qui vieillit très très mal et donc qui est encore plus affreuse avec une apparence délabrée), de fils électriques et téléphoniques (aucun n’est enterré) sans aucun sens de l’esthétisme aucun. Je ne parle même pas des grands immeubles marrons ou gris recouverts de pseudo-carrelage, contenant des appartements bon marché dont certains ont leur balcon situé à 5 mètres du viaduc d’autoroute ou de chemin de fer qui passe en plein milieu de la ville (et pas qu’à Tôkyô. Je viens de traverser Kyôto, Ôsaka, Kobe, Okayama et Hiroshima, c’est une constante).
Pour un pays à l’architecture traditionnelle millénaire et si belle, c’est un comble ! Même Kyôto n’y échappe pas. La ville a pourtant été classée patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO (ils ont classé toute la zone car il y avait trop de choses à classer) et n’a pourtant pas été bombardée pendant la guerre (grâce à un français, on le sait peu, je crois l’avoir déjà évoqué ici d’ailleurs). Mais toute la ville moderne, à part quelques quartiers qui perdurent comme le célèbre Gion, est comme les autres et ce sont tous les temples dans les collines alentours qui sont magnifiques. Alors, certes, les quartiers commerçants et animés sont agréables, les rues marchandes aussi. La vile japonaise présente ce paradoxe d’être très laide mais très agréable à vivre. Mais dès qu’on s’aventure dans les petites rues, fini la modernité du centre-ville, on rentre dans le beaucoup moins esthétique. On a parfois l’impression de se retrouver dans un quartier défavorisé d’un pays en voie de développement. Le côté tôle, fils électriques, plastique et climatiseurs en façade.
Et pourtant, je ne peux m’empêcher d’aimer même cet aspect des choses. Vous allez me dire que c’est normal, que je ne suis pas objective, que puisque c’est japonais cela trouve forcément grâce à mes yeux.
Alors, certes, je ne suis pas objective. Le Japon est le pays de mon cœur donc l’objectivité n’a rien à voir là-dedans. Et quand on aime, on aime malgré les défauts de l’autre. Et comme je l’ai bien dit plus haut, je trouve les villes japonaises modernes extrêmement laides. Mais néanmoins il y a un certain charme, vu d’en bas, de la rue. Quand vous vous promenez dans ces quartiers il y règne un calme (peu de circulation, rues étroites…), une tranquillité appréciables qui font que même en plein cœur de Tôkyô, vous avez l’impression d’être dans une petite ville. Le monstre disparaît. Et puis, Japon oblige, même si les infrastructures sont vieilles, les planches noircies, les poutrelles en métal rouillées, c’est propre, ordonné, organisé. Et finalement le charme opère et vous vous sentez bien dans ce quartier tout moche d’une ville bien laide.
Petit album ici, avec quelques vues du quartier de Shizuoka où j’ai passé une dizaine de jours.

Lors de mes trois précédents voyages au Japon, je n’avais jamais pris le Shinkansen. D’une part parce que j’étais restée majoritairement dans la région de Tôkyô, et d’autre part parce que le shinkansen est quand même cher et la fois où j’ai fait le voyage vers Kyôto et Nara, j’y suis allée (et retour) en bus de nuit. Plus long mais beaucoup, beaucoup plus abordable.
Cette fois-ci j’aurai non seulement inauguré le shinkansen mais également je l’aurai utilisé en long en large et en travers: Shinagawa(Tokyo) – Shizuoka, Shizuoka – Tokyo, Tokyo – Shizuoka, Shizuoka – Hakata (Fukuoka, Kyûshû), Hakata – Kyoto.
Deux choses essentielles à comprendre pour utiliser le shinkansen.
La première c’est qu’il y a des sièges avec réservation et d’autre sans. On n’est donc pas, comme dans le TGV, obligé de réserver une place (bien entendu, c’est plus cher si on réserve). Dans chaque train, en fonction du type de train (je vais y revenir), quelques voitures sont réservées aux sièges sans réservation. Plus le train est un express et moins il y a de voitures sans réservations. Je ne voyage pas sur des grands weekends de départ en vacances donc jusqu’ici j’ai toujours trouvé des places assises.
La seconde chose, c’est que la ligne sur laquelle je me trouve (la ligne Tôkaidô) fonctionne sur le même principe que les trains de banlieue (que j’évoquais ici), c’est-à-dire qu’il y a des shinkansen omnibus, des semi-express et des super-express. Je suppose que c’est aussi le même système sur les autres lignes.
Tôkaidô est la ‘route de l’océan de l’est’ qui relie Kyôto à Tôkyô, c’est une route historique qu’on parcourait à pied autrefois et qui était donc ponctuée d’étapes journalières. C’est donc désormais également une ligne de chemins de fer. Sur cette ligne il y a trois shinkansen différents : Kodama qui est omnibus et qui va de Tokyo à Nagoya par exemple (donc un parcours court, il peut aller jusqu’à Shin-Ôsaka, ou Kyôto, mais cela reste court par rapport à la longueur de la ligne), Hikari qui est le semi-express et qui peut aller jusqu’à Okayama voire Hiroshima en s’arrêtant aux grandes et moyennes gares, et enfin Nozomi, le super express, qui va jusqu’à Hakata (la gare de Fukuoka sur l’île de Kyûshû) et qui fait peu d’arrêts, uniquement dans les très grandes villes. Nozomi ne s’arrête par exemple pas à Shizuoka, il relie sans arrêt intermédiaire Tôkyô à Nagoya. Du coup sur cette ligne il y a un shinkansen toutes les 5 minutes environ, voire plus, aux heures de pointe.
Donc pour faire Shizuoka-Hakata, j’ai pris le Hikari jusqu’à Nagoya puis à Nagoya je suis montée dans le Nozomi jusqu’à Hakata. Transfert sur le même quai, 5 minutes d’attente. Efficacité.
Bon, du coup ne sachant pas que ça serait si rapide j’avais prévu d’utiliser mon temps d’attente à Nagoya pour acheter un truc à boire et à manger, c’est raté. Heureusement, il y a une vente ambulante dans le train et, comme on est au Japon, elle ne s’arrête pas de tout le parcours, c’est-à-dire qu’une fois fait tout le train, la jeune femme fait demi-tour et refait tout le train etc. Et, comme on est au Japon bis, quand elle rentre dans la voiture, elle s’incline en déroulant toutes les phrases de politesse requises, mais également quand elle sort de la voiture avec son charriot, elle se retourne et s’incline en nous souhaitant une bonne journée (et toutes les phrases de politesse qui vont avec), même si les sièges sont disposés de telle façon qu’on lui tourne en fait tous le dos ! Dans le commerce, on ne rigole pas avec la politesse.
Parenthèse : Han ! Une vente ambulante de glaces dans le train !
Également, la contrôleuse entre Tôkyô et Shizuoka ne réveillera pas les dormeurs pour les contrôler.
Deux petits bémols quand même. D’une, les sièges ne sont pas très confortables et de deux, aucune prise de courant. Eventuellement dans le Kodama voire même le Hikari pourquoi pas puisqu’en général on fait des parcours plutôt courts avec. Mais dans le Nozomi, rien non plus. En fait c’est le même intérieur que le Hikari. Il n’y a pas de différence de classe. Rectification : j’ai trouvé des prises mais pas accessibles pour tous. Une prise en bout de voiture donc seuls les places à chaque extrémité de voiture y ont accès et c’est une prise pour trois, donc les gens amènent leur multiprise visiblement. Et il y en a une aussi pour chaque rangée mais située au ras du sol sur la paroi. Donc en ce moment je suis assise côté couloir avec quelqu’un assis côté fenêtre, donc pas de prise. J’espère qu’il ne va pas jusqu’à Hakata ^_^
Il y a néanmoins le wifi entre Tôkyô et Shin-Ôsaka dans le Nozomi mais a priori il faut y être abonné car je n’ai pas trouvé de réseau non sécurisé.
Les toilettes ressemblent tous à des toilettes de train. A la différence près qu’il y a sur la porte une plaque en braille expliquant la configuration des lieux, un bouton d’alerte en cas de soucis (je ne suis pas sure qu’on ait ceci dans les TGV) et un distributeur de papier toilette à double rouleau (yeah !). Et face aux toilettes, il y a deux espaces avec lavabo et rideau pour fermer l’espace, pour faire une petite toilette rafraîchissante si besoin.
Je joins une petite carte du parcours en début de billet pour que vous puissiez vous y retrouver un minimum.